Le groupe 3E, spécialisé dans le conseil et l’expertise auprès des CSE, donne quelques conseils aux élus dans sa dernière note de conjoncture.

Le cabinet d’expertise 3E vient de publier sa nouvelle note de conjoncture signée Linda Rua et Célia Stammler. Truffé de chiffres, d’explications et de mises en perspective, ce document intéressera les élus du personnel qui suivent de près le climat économique de leur entreprise et le contexte national et international dans lequel il s’insère, bref ceux qui se frottent aux prérogatives économiques du CSE.

Retenons ici 4 chiffres clés pour le 1er trimestre 2023 :

  • +0,2% : c’est la croissance du PIB (produit intérieur brut), après 0% au 4e trimestre 2022
  • +0.1% : c’est la croissance en volume de la consommation, après -1% au 4e trimestre 2022
  • +0.3% : c’est la hausse de l’emploi salarié, après +0,2% au 4er trimestre 2023
  • +5.1% : c’est l’inflation en mai 2023, après +5,9% en avril, soit un niveau d’environ 6% sur 11 mois. Mais la hausse des prix alimentaires atteint 15,9% sur un an !
Une baisse des salaires réels et une hausse de l’imposition

Cette inflation, couplée à une hausse modérée des rémunérations, engendre une évolution à la baisse des salaires réels, souligne la note de 3E, d’autant que le cabinet d’expertise relève en parallèle une augmentation de la pression fiscale pesant sur les ménages (jusqu’à +1,1 point pour les familles monoparentales avec deux enfants gagnant 67% du revenu moyen).

Un phénomène inquiétant. D’autant qu’il pourrait y avoir, selon ce qu’observe en ce moment Marie-Laure Billotte, de 3E, une moindre distribution de la prime de partage de la valeur (ex-prime de pouvoir d’achat) dans les entreprises en 2023, une prime qui a pu se substituer en 2022 à des augmentation de salaire, selon une étude de l’Insee

La note examine ensuite la situation des secteurs avec une dynamique générale (notamment la production de biens et les services mais aussi l’industrie manufacturière), le BTP faisant exception avec « une entrée en crise » profonde (-22% de mise en chantiers depuis mai 2021). Dans ce secteur, la fédération française du bâtiment craint la suppression de 100 000 emplois d’ici 2025 du fait de cette crise de l’offre (problèmes d’approvisionnement mais aussi de recrutements) et de la demande (augmentation du coût du crédit, nouvelles contraintes environnementales, etc.).

Enfin, le document dresse des perspectives : 

  • la croissance de la France devrait ralentir en 2023 à +0,6% mais se relever à +1,2% en 2024
  • l’inflation pourrait ralentir à 5,4% (au lieu de 5,9% en 2022) mais rester à un niveau important pour les produits alimentaires.

Ces données, et c’est le mérite du document, sont ensuite reliées et « expliquées » visuellement par un schéma :

 

Groupe 3E

 

Des questions à poser en réunion CSE

Comment utiliser toutes ces données dans le cadre du CSE ? Le cabinet propose aux élus de CSE et aux représentants syndicaux de s’inspirer d’une série de questions pour interpeller leur direction lors des réunions du comité mais aussi lors des négociations salariales : 

  • l’entreprise ressent-elle le ralentissement des prix de l’énergie ?
  • comment va-t-elle répercuter une éventuelle amélioration  ?
  • l’entreprise sera-t-elle impactée par la hausse actuelle des taux d’intérêts ?
  • comment ont évolué les marges de l’entreprise malgré la hausse des coûts de l’énergie en 2022 ?
  • comment allez-vous compenser la nouvelle baisse du pouvoir d’achat qui s’annonce pour les salariés ?
  • proposerez-vous une augmentation de la valeur des titres de restauration pour compenser la hausse des prix alimentaires ? Etc. 

A ces questions s’ajoutera pour certaines entreprises le sujet des conséquences des dégâts liées aux émeutes de ces derniers jours sur les commerces et outils de production et de la continuité de l’activité, avec notamment l’accès à l’activité partielle. A Roubaix, l’entreprise Tessi, qui emploie 500 personnes, a entièrement brûlé, les dégâts des machines du rez-de-chaussée étant estimés à 300 000€ selon France3.

 

► Ndlr. Pour des analyses sur la conjoncture internationale et les enjeux économiques, vous pouvez aussi regarder les vidéos (d’une durée d’environ 5 minutes) de l’économiste Olivier Passet sur la chaîne Xerfi Canal : il a traité récemment de l’attitude des bourses et des enjeux de la filière automobile

Bernard Domergue

Source – Actuel CSE