La nouvelle transformation numérique en entreprise laisse planer une menace sur les emplois et les libertés individuelles. Lors d’une table-ronde organisée par le réseau Cezam Pays de la Loire, experts et syndicaliste ont invité les élus CE/CSE à questionner la fiabilité de ces nouveautés technologiques et à responsabiliser les directions.
Le réseau Cezam Pays de la Loire a organisé le mardi 25 septembre à Angers la 3ème édition de « L’Observatoire ». Lors de cette journée, l’association inter-CE/CSE a invité ses nombreux adhérents présents à la plus grande vigilance au sujet de l’introduction en entreprise de l’intelligence artificielle et du recours aux algorithmes. Compte-rendu de cette table ronde animée par la rédaction d’actuEL-CE.fr.
À ce titre, le consultant Olivier Charbonnier encourage le développement d’une gouvernance des algorithmes en entreprise. « Il faut que cette boite noire n’en soit plus une, résume-t-il. Cela implique d’abord de discuter l’intention, c’est-à-dire le résultat que l’on attend de l’algorithme ou de l’intelligence artificielle. Si cela sert à me conseiller les candidats que je devrais recruter, ou pire, les salariés que je devrais licencier, il y a largement de quoi ouvrir le débat ! La fiabilité de l’algorithme doit aussi être questionnée : l’outil ne va-t-il pas me proposer pas de recruter des hommes plutôt que des femmes ou retenir tout autre critère discriminatoire ? Je pense qu’il faut enfin revendiquer la certification des machines algorithmiques. Il n’est pas normal que des informaticiens vendent à mon entreprise des données que personne n’a vérifié ».
(*) Olivier Charbonnier et Sandra Enlart, « Société digitale, comment rester humain ? », Editions Dunod, 236 pages, 18,90€.
Nouveaux modes de management : gare aux dérives !
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En introduction de cette table ronde, Olivier Charbonnier, directeur général du groupe Interface, a également dressé un bilan critique des nouvelles formes de management : « Vingt ans après les premières start-up, on a un peu la gueule de bois. Ces entreprises ont assuré la promotion de valeurs qui présentent toutes des risques de dérives : l’agilité, la collaboration, l’happycratie et la créativité ».
« La promotion de l’agilité part d’une bonne idée : s’émanciper d’un cadre hiérarchique trop lourd, aller au plus efficace, écouter le client, énumère Olivier Charbonnier. Mais la pratique reste parfois éloignée du discours. Comment être agile dans un milieu qui reste corseté et qui ne laisse pas la place à l’échec ? » Quand à la collaboration, elle exige la mise en place d’outils et la création d’un climat de confiance entre des collaborateurs qui sont parfois en concurrence. Troisième valeur portée par les nouveaux modes de management : « l’happycratie » : « C’est une injonction au bonheur, poursuit Olivier Charbonnier. Or le diktat du bonheur au travail, c’est le risque de devoir taire tous les problèmes, de ne pas pouvoir exprimer ses frustrations. Il est finalement plus intéressant de mettre à plat ce qui se joue, reconnaître qu’il y a des rapports de force au travail ». |
Source – Actuel CE