Protocole sanitaire, questions-réponses, fiches pratiques… Les documents publiés par le ministère du travail continuent d’impliquer le référent Covid dans la gestion de la crise sanitaire dans les entreprises. Mais comment leur rôle est-il défini et surtout, comment leurs missions se déploient-elles en pratique ? Eléments de réponse et témoignages.

Le référent Covid est apparu initialement dans le protocole de déconfinement publié par le gouvernement en juin 2020. Sa mission consiste à s’assurer de la mise en oeuvre des mesures définies par les autorités et de l’information des salariés.

Référent Covid : un rôle d’information et de protection des salariés

Selon le questions-réponses du ministère du travail (publiées le 7 septembre 2020 en annexe du protocole sanitaire du 31 août), « le référent Covid veille au respect des gestes barrière et du protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise. Il est l’interlocuteur privilégié des salariés et travaille en collaboration avec le CSE, les services de santé au travail et les ressources humaines ». Alors que les salariés sont encouragés à retourner sur leur lieu de travail depuis la rentrée, il est désormais acquis que l’entreprise constitue le premier lieu de transmission du virus (29 % des clusters), selon les chiffres publiés par Santé Publique France dans son bulletin épidémiologique du 3 septembre 2020. Dans ce contexte, les élus du personnel et les référents Covid pourraient rapidement être amenés à gérer des salariés présentant des symptômes de la maladie. Un rôle repris dans la section V du protocole sanitaire national publié le 31 août 2020 et de portée obligatoire depuis le 1er septembre : le salarié présentant les symptômes de la maladie doit être avant tout isolé dans une pièce dédiée, muni d’un masque chirurgical et invité à rentrer chez lui sans emprunter les transports en commun. En pratique, les référents pourraient dans les semaines à venir avoir de plus en plus de travail, comme l’a constaté Augustin Vanbremeersch, référent Covid dans une société de conseil informatique.

« Nous suivons le protocole à la lettre » 

Augustin Vanbremeersch est référent Covid chez Nameshield, société de conseil informatique spécialisée dans la gestion des noms de domaine, qui emploie 90 salariés à Angers. Chargé de projet RH, il a été nommé référent Covid le 18 juin 2020 : « Les dirigeants ne voulaient pas spécialement exercer ces fonctions, et au service des ressources humaines, je suivais déjà les sujets liés au Covid. Je me suis donc proposé et j’ai été nommé après avoir suivi une formation ». Augustin Vanbremeersch considère que les missions de référent ont un sens par rapport à ses missions RH, mais il a constaté depuis la rentrée une surcharge de travail : « Nous suivons le protocole à la lettre, même si aucun cas de Covid-19 n’a été confirmé dans l’entreprise. Nous n’avons eu que des cas suspects et nous avons immédiatement isolé les cas contact, c’est d’ailleurs aujourd’hui la fin de leur quatorzaine ». Le référent Covid remarque également que l’identification des cas contact repose surtout sur les salariés : « L’identification des cas contact est essentiellement déclarative. Sans les salariés, nous n’aurions pas été au courant de leur identité. Bien sûr, il faut pour cela que les salariés jouent le jeu ».

A chaque nouvelle version du protocole, nous rencontrons les élus du personnel 

Côté dialogue social, Augustin Vanbremeersch mène ses missions en étroite collaboration avec le CSE : « A chaque nouvelle version du protocole, nous avons rencontré les élus du personnel. Ils ont d’ailleurs demandé des masques en tissu. La question du type de masque est encore en discussion avec le CSE, car l’entreprise ne peut pas vérifier que les salariés les nettoient, et nous ignorons si le lavage des masques doit être à leur charge. En attendant que ces questions soient résolues, nous n’acceptons que les masques chirurgicaux dans les locaux de l’entreprise ». L’entreprise a également mis à jour le Document unique d’évaluation des risques (DUER) et attend sa validation de l’inspection du travail.

« L’employeur m’a désigné référent Covid car il a vu la correspondance avec mes missions d’élu CSE »

Chez Zigzag Signalisation, l’employeur a désigné un référent Covid général au niveau de l’entreprise et un référent spécifique par chantier. Aurélien Beaupoil exerce cette mission au niveau chantier depuis un an, en plus de son mandat d’élu titulaire. « J’ai été nommé référent en mars, au début de la crise. Je m’investis beaucoup dans la vie du chantier, et l’employeur a trouvé une correspondance entre les missions référent et celles d’élu au CSE ».

Je collecte l’information et je prends les mesures adéquates 

Du fait du secteur d’activité de l’entreprise dans l’installation de signalisations sur la voie publique, l’élu-référent s’appuie en particulier sur les guides de préconisations rédigés par l’OPPBTP (organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics). « Concrètement, je m’assure que nous disposions bien de masques et de gel, et que les stocks sont suffisants. Je veille donc à l’approvisionnement. Ensuite je distribue les équipements au chef de chantier et aux équipes. Je dois bien sûr suivre les mises à jour du guide OPPBTP, je me renseigne aussi sur les sites du gouvernement sur le coronavirus. En résumé, je collecte l’information et je prends des mesures adéquates ». 

Quand on lui demande si le cumul de ses missions de référent avec ses activités opérationnelles de salarié n’est pas trop lourd, Aurélien Beaupoil répond : « Je ne cumule pas vraiment les missions, je structure mes journées comme je le souhaite. Si je dois consacrer deux heures au Covid ou au CSE, je le fais. Simplement, la conduite des chantiers reste prioritaire car c’est ce qui fait vivre l’entreprise ». Avec la publication du protocole sanitaire, il a mis au point un système de fléchage au sol pour indiquer les zones de circulation, de même qu’une transmission des documents officiel par affichage. Mais il conserve aussi le contact humain : « Cela n’empêche pas d’aller voir les salariés sur les chantiers et de vérifier qu’ils ont bien leur masque. Globalement, ils ont tous bien accepté de le porter, car beaucoup avaient peur de la maladie et étaient contents d’avoir des masques pour s’en protéger. Je n’ai pas vu de relâchement, par contre il faut souvent réexpliquer que les masques usagés vont dans une poubelle spécifique. Par ailleurs, les salariés sont libres de prendre quelques pauses sans masque pour respirer ». Pour l’instant, l’entreprise n’a connu que deux cas de suspicion de Covid. « Ma méthode est simple : quand un salarié vient me voir en disant qu’il craint de l’avoir attrapé, je lui demande immédiatement de rentrer chez lui et de contacter son médecin ». Quant aux aspects collectifs de la gestion de cette crise, Aurélien Beaupoil a adopté un réflexe : « Je demande systématiquement l’inscription d’un point Covid à l’ordre du jour des réunions de CSE ».

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