L’épidémie de Covid-19 et la crise sociale qui en résulte ont bouleversé les attentes et les priorités des salariés. Soutien financier, pouvoir d’achat, perte d’emploi mais aussi assistance juridique et garde des enfants : les CSE doivent s’adapter à ces nouvelles préoccupations. Une note du Cezam, réseau inter-CE d’élus du personnel, fournit des pistes pour aider les CSE à proposer de nouvelles prestations.

L’accompagnement social et culturel des salariés constitue l’ADN du CSE et du CE avant lui depuis sa création en 1945 (1). Au fur et à mesure des évolutions de la société, les comités d’entreprise puis les CSE ont su adapter leur offre pour fournir aux salariés des prestations adaptées à leurs besoins et participer ainsi à l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie. L’épidémie de Covid-19 est venue bouleverser une fois de plus les attentes des salariés. Pouvoir d’achat, garde et scolarité des enfants, logement, fracture numérique ou encore vulnérabilité des proches sont devenus des enjeux prioritaires (2). Les CSE doivent donc encore et toujours adapter les ASC proposées. Dans une note intitulée « [Pandémie et CSE] Activités sociales et culturelles : quel sens donner à l’offre ? » qu’il nous autorise à publier en poièce jointe, le réseau Cezam analyse les nouveaux besoins créés par la crise sanitaire et sociale et donne de nombreuses pistes et précieux conseils aux élus de CSE.

« Pendant le confinement, nous avons lancé une série d’articles pour soutenir nos adhérents. Les ASC faisant partie de nos activités, nous avons rapidement identifié le sujet de leur adaptation à la crise et à ses conséquences », nous explique l’auteur de la note, Vincent Leprince, formateur CSE au Cezam. Une initiative bienvenue et encore très utile aux élus alors que les vacances scolaires viennent de commencer.

Évolution de l’offre d’activités sociales et culturelles : quelle démarche adopter ?

La note du Cezam propose 6 étapes permettant aux élus d’adopter la bonne démarche et de réinterroger leur offre d’ASC :

  1. accepter la nécessité du changement ;
  2. réinterroger son projet et/ou sa politique sociale ;
  3. réinterroger les salariés ;
  4. remettre en cause l’offre d’activités et ses modalités d’accès ;
  5. communiquer ses choix auprès des salariés ;
  6. évaluer son action et faire un bilan.

Le schéma ci-dessous présente également des pistes d’action à la disposition du CSE :

© Cezam

Les élus peuvent également mobiliser des acteurs comme les assistantes sociales, les services de la Direccte (direction régionale du travail), ou encore les associations de soutien. « L’action sociale des CSE passera par les missions de santé et de sécurité mais aussi le lien avec les salariés et les partenaires. Ils peuvent certes utiliser le levier financier mais aussi l’accès à l’information », relève Vincent Leprince. En effet, la note du Cezam fourmille d’exemples concrets de réorientation des activités.

Des exemples concrets pour adapter son offre d’ASC

La note du Cezam regorge sur plusieurs pages d’exemples concrets qui donnent aux élus des idées pour réorienter l’offre d’ASC vers les nouveaux besoins des salariés. La crise économique et sociale qui s’installe fait craindre par exemple une envolée des licenciements économiques. Face à ce phénomène, les CSE peuvent proposer une aide financière aux anciens salariés leur permettant de saisir la justice afin d’obliger l’employeur à respecter ses obligations prévues dans le plan social. Les frais de procédure seront ainsi réduits pour les salariés.

Il existe d’autres solutions que compenser les pertes de pouvoir d’achat 

 

 

Vincent Leprince, l’auteur de la note, invite les CSE à développer une nouvelle approche sociale qui soutienne les salariés autrement que de manière financière : « On peut accompagner les gens grâce à d’autres leviers que la subvention pure, d’autant que les élus ne peuvent pas compenser les pertes de pouvoir d’achat, il existe d’autres solutions. Ils peuvent notamment mettre en place une aide psychologique. De nombreux salariés ont été traumatisés par la maladie ou la perte d’un proche, ils ont connu des angoisses, ou fait face au télétravail mal préparé, et tout cela les a fragilisé. Les CSE peuvent également réfléchir à proposer un accès à des permanences d’avocats. Par exemple, un avocat partenaire du réseau Cezam nous a signalé une hausse des cas de divorces avec le confinement, ainsi qu’une accélération des problèmes intrafamiliaux ». 

© Cezam

L’auteur de l’étude a également remarqué que de nombreux CSE souhaitent transformer les chèques vacances en bons d’achat. Une tendance confirmée par le centre de loisirs Vacances Passion, prestataire pour les CSE : « Nous n’avons pas trop eu d’annulations de séjours familiaux. En revanche, nous n’avons maintenu que les colonies de vacances des deux premières semaines de juillet et annulé toutes celles prévues jusqu’à fin août ». 

Enfin, Vincent Leprince a constaté que de nombreux CSE attendent de voir l’évolution de la situation pour remettre en cause les ASC proposées. « Beaucoup d’élus se disent que le secteur culturel va redémarrer à la rentre de septembre et attendent donc encore un peu avant de moduler leur offre. Il ne faut donc pas se précipiter et tout bouleverser pendant l’été », conclut-il avec sagesse.

 

(1) Sur les origines du CE, lire notre article et sur l’histoire des IRP en France, voir notre infographie.

(2) Au sujet des activités sociales et culturelles des CSE, voir l’étude de l’institut de recherches économiques et sociales (Ires) réalisée pour la CFDT sur le sujet, que nous traiterons dans un prochain article.

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