Depuis les ordonnances Macron, les employeurs de moins de 11 salariés peuvent faire entériner des « accords » par référendum. Mais auparavant, comment se déroulait le dialogue social informel dans ces très petites entreprises (TPE) ? Selon la Dares, dans un tiers des TPE les salariés sont associés à certaines décisions.

Dépourvues de représentant du personnel car situées sous le seuil d’élection du CSE (ex-délégués du personnel) qui est de 11 salariés ou du fait d’absence de candidats (de 11 à 20 salariés), les très petites entreprises peuvent, depuis les ordonnances Macron, faire ratifier par référendum des projets d’accord élaborés par le seul employeur (lire notre article). Mais auparavant, qu’en était-il de ce fameux « dialogue social informel « invoqué par les organisations patronales pour réfuter toute mesure contraignante s’agissant de la représentation du personnel dans les TPE et de la négociation collective ? Une étude de la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail) portant sur des données 2016 permet d’y voir un peu plus clair sur ce sujet (voir ci-dessous notre infographie).

Dans un tiers des TPE, les salariés sont associés à certaines décisions

Les entreprises de moins de 11 salariés, qui représentent 20% des emplois salariés, prennent bien sûr des décisions sur la gestion de leur personnel, qu’il s’agisse des salaires, d’emploi, de conditions de travail ou de temps de travail. Selon la Dares, dans 31% des entreprises employant de 2 à 9 salariés ayant pris ces décisions, les salariés ont été « le plus souvent » associés collectivement à ces décisions sur au moins un thème. Il s’agit surtout des conditions de travail et du temps de travail qui font l’objet de « concertations collectives »; dans respectivement 31% et 22% des entreprises ayant effectué des changements dans ces domaines, la gestion de l’emploi (14%) et des salaires (8%) donnant moins souvent lieu à ces concertations (*).

Comme on le voit dans les entreprises les plus importantes, ce dialogue existe d’autant plus entre les salariés et l’employeur de la TPE que celle-ci emploie plus de personnel. « Dans les plus grandes TPE, les salariés sont plus fréquemment associés aux processus de décision via des porte-paroles : c’est le cas de 10% des TPE de 8 à 9 salariés ayant pris des décisions ayant une conséquence collective, contre 7% des PME de 2 à 4 salariés », rapporte l’étude de la Dares.

Le conflit entraîne davantage de concertation

Qu’en est-il des conflits dans les TPE ? Selon les déclarations des dirigeants, 5% des TPE employant de 2 à 9 salariés déclarent avoir connu en 2016 un conflit entre salariés ou entre salariés et direction, ce pourcentage allant jusqu’à 7% pour les sociétés de 8 à 9 salariés. Ces conflits, visiblement, ont des conséquences, comme si les employeurs en tiraient les leçons. Ainsi, parmi les TPE ayant déclaré avoir vécu des conflits, 54% des TPE ont associé les salariés à la prise de décision, contre 31% pour l’ensemble des TPE.

(*) Il s’agit là de réponses données par les employeurs, lors de l’enquête « Acemo » qui comprend près de 30 000 questionnaires. Cette enquête a eu lieu lors du deuxième trimestre 2017, et concerne donc les données 2016.

 

 Source – Actuel CE